Apprendre par cœur : 8 étapes pour favoriser la mémorisation

Voscours

Vous ouvrez l’agenda et lisez les devoirs à faire pour demain. Et là, horreur ! Votre enfant a une poésie, une leçon, un texte à apprendre par cœur… Sachez d'ailleurs que l'aide aux devoirs peut lui être bénéfique. 

On le sait, il est très important que votre enfant développe ses capacités de mémorisation. Mais comment s’y prendre ? Ce type de tâche est souvent source de difficultés pour les élèves. Et pour cause ! Apprendre par cœur, ça s’apprend !

Mais rassurez-vous, avec la bonne méthode, apprendre par cœur peut réellement être un moment agréable. Je vous livre ici mes 7 conseils, issus de ma propre pratique d’enseignante, qui m’ont permis d’aider mes élèves à apprécier les moments de mémorisation.

Étape n°1 : Anticiper  

Connaissez-vous la courbe de l’oubli ? Celle-ci nous apprend que notre cerveau a une fâcheuse tendance à oublier les informations assez rapidement. Au bout d’une heure, votre cerveau a oublié 50% des informations, près de 70% le lendemain...

Mais heureusement, on sait comment contrer cette tendance. La solution : la répétition espacée. En effet, si on présente au cerveau une information plusieurs fois, à des moments différents, on lui permet de l’ancrer de façon durable. (C’est pourquoi il est contre-productif d’apprendre une poésie la veille au soir.)

Mon conseil : avertissez votre enfant dès le début de l’année : s’il a une poésie ou une leçon à apprendre, il doit vous prévenir directement, le soir même où il l’écrit dans son agenda. S’il est un peu tête en l’air, on peut lui fournir des post-it spécialement dédiés à ce type de devoir, qu’il pourra faire dépasser de la page de son agenda.

Étape n°2 : Des temps courts et nombreux

Pour continuer à respecter le fonctionnement de notre cerveau, il va falloir organiser son temps. Pas question de prévoir une séance d’une heure : ça n’aide pas et ça favorise les tensions…

Mon conseil : privilégiez des temps très courts : 5 à 10 minutes grand maximum. Mais assurez-vous qu’ils soient nombreux. Quand celui-ci commence à être à l’aise, on peut même le solliciter en dehors des temps de devoirs, avec des petites questions surprises (toujours dans la bonne humeur et le jeu).

Étape n°3 : Comprendre

On apprend mieux ce qu’on comprend. Avant de se lancer dans l’apprentissage pur et dur, assurez-vous que votre enfant a compris tous les mots ou le sens de ce qu’il lit.

Mon conseil : n’hésitez pas à lui donner les définitions des mots, lui poser des questions sur ce qu’il pense d’une phrase, lui donner votre avis, engager un débat ou mobiliser des souvenirs liés à votre lecture. Peut-être que la première fois que vous allez faire les devoirs, vous n’irez pas plus loin que ça… Et ce n’est pas grave. Vous avez permis à son cerveau de se confronter à l’information, et c’est exactement ce qu’il faut. Donc, pas de frustration !

Étape n°4 : L’écoute active

Avant de recracher un texte entier, il faut l’avoir entendu. Cela parait évident. Mais toujours faut-il savoir écouter ? Pour apprendre aux élèves à écouter, je vous partage l’activité que je mettais en place pour développer l’écoute active.

Matériel : une ardoise ou une feuille de brouillon

Consigne : « Je vais lire le texte à haute voix. Tu devras écouter avec attention jusqu’au bout. Dès que je m’arrête, tu auras 2 minutes pour écrire le maximum de mots, de phrases, de choses que tu as retenus. Tu n’auras pas le droit de regarder le texte. On ne se soucie pas de l’orthographe ou de la qualité de l’écriture ! »

Variable : si votre enfant a du mal à écrire vite, écrivez à sa place sous sa dictée. Ici, c’est sa capacité à mémoriser que l’on travaille, pas l’écrit.

Fin de l’activité : à la fin du chronomètre, on compte ensemble le nombre de mots qu’il a écrit. On note ce score et… on recommence au début (phase d’écoute inclue, bien sûr). Soit le jour même, soit le lendemain. Le but étant bien sûr de battre son propre record.

Objectif : lorsque votre enfant vous écoute avec une consigne explicite et précise de mémorisation, il développe sa capacité à se souvenir de ce qu’il a entendu, et donc sa mémoire auditive. On peut bien sûr décliner cette activité avec la mémoire visuelle !

Étape n°5 : Répéter, répéter, répéter

Vous voilà rendu à la phase la plus ingrate. Mais croyez-moi, si vous avez mis en place les différentes activités au préalable, il y a de grandes chances que cette phase soit beaucoup plus efficace.

Pensez à procéder par étape. On apprend le texte par petits bouts.

Voici quelques jeux que j’aime bien pour s’entrainer en s’amusant :

Le robot cassé : vous êtes un robot. Mais ce robot est un peu cassé… Il se déconnecte souvent. Commencez à lire le texte et sans prévenir, faites semblant de vous déconnecter. Votre enfant peut vous relancer en disant le mot qui manque.

Exemple :

Adulte/robot : « Maitre corbeau sur un arbre… Zzzzzphhh »

Enfant : perché !

Adulte/robot : tenait dans son bec un…. Zzzzzphhh

Le jeu du récit en relais : trouvez un objet quelconque : un stylo, un livre ou un bâton, qui sera le marqueur du relais. L’adulte ou l’enfant commence à réciter le texte (l’adulte peut lire… bien sûr) et quand il veut, il passe le relais à l’autre. Le but est que la récitation reste fluide même si on change d’orateur !

Le jeu des mimes : (ne se prête pas à tous les textes, mais pourquoi pas). Votre enfant commence à réciter le texte et dès qu’il est bloqué, vous mimez la suite jusqu’à qu’il la retrouve de lui-même. Vos mimes pourront créer chez lui des images mentales qui faciliteront sa mémorisation.

Étape n°6 : On arrête, et on reprend le lendemain !

Au bout de 5/10 minutes max, ou si on sent que son enfant n’arrive plus à se concentrer, on arrête ! Et on laisse le cerveau faire son travail d’archivage et de tri tranquillement, jusqu’à la prochaine fois.

Étape n°7 : Réactivation de début de séance

A chaque début de séance, il va falloir remobiliser les souvenirs de la dernière fois. Mais pas question que votre enfant se blâme d’avoir oublié ce dont il se rappelait si bien hier. C’est NORMAL.

On peut donc proposer à son enfant d’essayer de dire ce dont il se souvient : dans l’ordre ou le désordre, avec des trous, avec des erreurs… Et on se place avec lui dans une posture d’observateur extérieur et de non jugement : « Alors, qu’est-ce que le cerveau a choisi de retenir cette fois ? Ah tiens ! Intéressant, il a oublié cette partie… »

Étape n°8 : Introduire des moyens mnémotechniques

Au bout de quelques fois, on va peut-être s’apercevoir avec lui qu’il y a un passage qui, décidément, ne veut pas rentrer !

C’est le moment pour votre enfant de faire preuve d’imagination et de se créer lui-même des moyens mnémotechniques. Les plus efficaces sont ceux qu’on invente soi-même. Alors même si pour vous, son association d’idées vous parait bancale et absurde, acceptez-la.

Bonus : Apprendre à gérer le stress de la récitation

J’étais une enfant terrifiée de passer devant tout le monde. Et bien sûr, même si je connaissais ma poésie sur le bout des doigts, le jour de la récitation, j’avais tout oublié.

Si c’est le cas de votre enfant, parlez-en avec lui. Déculpabilisez-le. Apprenez-lui à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Peut-être, s’il se sent en confiance avec son enseignant, qu’il peut lui en parler ?

J’ai des élèves qui sont déjà venus me voir pour me dire que passer devant tout le monde les angoissaient trop. Je me suis adaptée à eux. Par exemple, pour un de mes anciens élèves, l’objectif de l’année a été qu’il soit capable de réciter sa poésie devant seulement 3 de ses copains. Ça a été dur pour lui, mais il a réussi et il était fier. L’essentiel est de se fixer des objectifs adaptés à ses capacités, chacun avançant à son rythme.

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Crédits : 

  • Image couverture : Image by pvproductions on Freepik
  • Courbe de l'oubli : Adrien Moyaux, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
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