Si Montaigne met en opposition « enseigner » et « raconter », il y a néanmoins une nuance qu’il faut discerner. Lorsque l’on raconte une histoire à un enfant, on va très probablement lui enseigner la morale que cette dernière renferme. Ce qui nous amène à conclure que raconter, c’est enseigner. Cependant, cela ne fonctionne pas dans l’autre sens.
En voyageant, j’ai remarqué que donner des cours de langues pouvait différer selon le pays dans lequel on trouve. De ce fait, la différence entre une licence en langues étrangères en France et une école de langues en Angleterre, m’a montré que l’approche sur l’enseignement pur n’était pas la même, et que l’attente des professeurs vis-à-vis des élèves ne l’était pas non plus. On demande une chose différente, on attend une chose différente.
C’est de ces différentes approches dont je me suis inspiré lorsque j’ai animé mes premiers cours de langues :
Une langue est un outil. Un outil qui a deux fonctions premières : s’exprimer et communiquer. Mais pas que… Si on sait déjà parler une langue, pourquoi en apprendre une nouvelle ? Si je sais déjà maîtriser un outil, pourquoi devrais-je maîtriser tout ceux présents dans la boîte ? Et bien si l’on s’intéresse au monde actuel, l’apprentissage d’une langue permettra de mieux le comprendre, car une langue n’est pas seulement un outil pour communiquer.
Si l’accent peut donner un indice sur nos origines, qu’il soit picard ou corse par exemple, dans ce cas la langue est un livre d’histoire ouvert sur la civilisation qui la parle. C’est là que l’on retrouve la notion de groupe social. Pour revenir à mes domaines qui sont l’anglais et l’espagnol, les deux langues combinées sont parlées par près de 1,8 milliard de personnes. Et occupent respectivement la 1ere et la 4e place du nombre de locuteurs. Et bien sûr, leur musique, leur mélodie, leur accent change selon le pays dans lequel on l’emploie. Souvent lié à des spécificités historiques, géographiques ou culturelles.
Je n’enseigne pas uniquement pour que mes élèves puissent parler une langue supplémentaire. J’enseigne pour que mes élèves puissent parler, penser, rêver, rire dans ces différentes langues. C’est en expliquant la raison pour laquelle telle ou telle expression est employée, via des faits ou des anecdotes, que l’élève comprendra les fonctions de ces dernières, saura quand les utiliser et s’impliquera beaucoup plus dans son apprentissage.